Ce matin, les Rroms qui habitent rue Pascal à La Courneuve
ont été réveillés par la police. Scénario tristement habituel : tout le
monde sort et passe, un par un, dans un des cars de police, où une obligation
de quitter le territoire français (OQTF) lui est remis. Il y aura en tout plus
de 100 OQTF de distribuées entre 7 heures et 11 heures du matin, soit une
toutes les 2 minutes. Des formulaires signés et tamponnés en avance sur
lesquels les agents écrivent les noms des personnes. Alors que la loi exige que
ces décisions soient motivées par des éléments de fait tirés de la situation de
chaque personne (ressources, emploi etc.).
C’est le genre de choses qu’on voit régulièrement depuis
2007, sous Sarkozy. Cela n’apporte rien, tout le monde le constate. Cela coûte
de l’argent, tout le monde le constate aussi. Alors, M. Valls n’aurait-il rien
appris de l’expérience sarkozienne ? Ou bien peut-être a-t-il tout
compris, c’est-à-dire qu’on peut enfumer encore et encore l’opinion avec des « expulsions
d’étrangers en situation irrégulière » et atteindre l’Elysée ? Mais
bon sang, M. Valls ne peut-il donc rien inventer de nouveau ? Pourquoi se
réduit-il à singer les autres ?
Quoi qu’il en soit, les associations Rromeurope et La voix
des Rroms se sont rapprochés des personnes frappées de ces décisions, illégales
du point de vue européen, et les accompagnent pour former les recours en
justice.
Notre message à M. Valls:
Les Rroms n’ont pas « vocation à retourner ou à rester
en Roumanie », comme vous le déclariez récemment. Ils sont Français pour environ
95% d’entre eux. Ceux à qui votre police a distribué aujourd’hui des OQTF d’une
manière illégale sont 100% Européens, puisque citoyens roumains. Ils sont en France
et ils y resteront autant qu’ils le désireront, aussi longtemps que la loi leur
reconnaîtra ce droit. Vos abus ne les en empêcheront pas plus que les abus de
vos prédécesseurs.
1 commentaire:
Il y a des choses qui m'étonnent:
celà fait plus d'un an que je ne vois plus d'OQTF, et je pensais que ces feuilles très standardisées (au point de négliger le caractère individuel des décisions : elles ne s'appliquent pas mécaniquement à tous les membres d'une ethnie, n'est ce pas) étaient devenues caduques pour les ressortissants roumains..
J'avais noté que la police constatait systèmatiquement que le bénéficiaire d'une OQTF était renvoyé, parce que les experts policiers estimaient que la personne n'était pas soumise à un "traitement inhumain ou dégradant " dans son pays d'origine.
Or, ceci semble en contradiction avec les leçons que Monsier Vals, Sinitricule de l'Interieur, est allé donner à la Roumanie des leçons :
"Nous ne pouvons pas nous permettre d'accueillir toutes ces populations qui sont souvent des damnés de la Terre, qui sont pourchassées dans leur pays, qui sont discriminées." (septembre 2013)
A moins que, selon Monsieur le Sinistre, être les damnés de la terre et être discriminé ne soit une situation humaine et gratifiante.
PS (Post Scriptum, bien sûr) Ceci, à un an des prochaines élections - et elles sont étalées sur deux ans-. A quelles bassesses des politicards inexportables -en Roumanie, il est peut être vu comme un déchet toxique- ne sont ils pas prêts pour conforter une défaite inexorable?
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