Environ 200
Rroms ont été expulsés hier matin à Saint-Denis, Porte de Paris. Dans la
soirée, après une manifestation devant la sous-préfecture et la mairie, la
préfecture du département a dit pouvoir répondre par des hébergements à l'hôtel
pour seulement 3 familles et deux adultes malades.
Une
circulaire du 26 août 2012 "relative à l'anticipation et à l'accompagnement des
opérations d'évacuation des campements illicites" invite les
préfectures à mener des diagnostics sociaux afin de répondre globalement à
chaque situation lorsqu'un bidonville est expulsé, et ceci le plus en amont
possible. En pratique, et c'est confirmé une fois de plus ici, la fameuse
"réponse" consiste en un hébergement à l'hôtel pour quelques nuits.
Pour ce groupe de familles expulsées hier, la préfecture dit qu'un tel
hébergement a été proposé pendant le diagnostic social, réalisé par GIP
(groupement d'intérêt publique) Habitat il y a quelques semaines, mais que
personne n'avait demandé un tel hébergement. Et pour cause, pourquoi demander
aller à un hôtel dont on ne sait pas où il se situe, mais dont on
sait pertinemment qu'il sera loin, qu'on ne pourra pas y cuisiner,
qu'il faudra prendre ses repères autour et qu'on n'y restera pas plus que
quelques nuits, lorsqu'on est dans la baraque qu'on a construit soi même dans
une ville qu'on connaît et où on se sent chez soi?
Cet événement, comme d'autres, pose la question de la circulaire du 26 août 2012 "relative à l'anticipation et à l'accompagnement des opérations d'évacuation des campements illicites". A quoi sert-elle en réalité?
D'abord, elle a
servi à rassurer la Commission européenne, qui avait mis encore sous
surveillance la France lorsque, l'été dernier M. Valls a déclaré vouloir
poursuivre le "démantèlement des campements illicites", terminologie
créée par Brice Hortefeux en 2010. Avec cette circulaire, assez vague, le
gouvernement français montre à la Commission européenne que sa politique respecte
la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne. La Commission
européenne sera-t-elle dupe?
Ensuite, la
circulaire permet de continuer la politique menée depuis longtemps en la
matière. Cette politique combine démagogie tsiganophobe et gaspillage de
l'argent public. Depuis plus d'un an, le ministre de l'intérieur Manuel Valls
persiste à créer des tensions en répétant à l'envi que les riverains de ces
"campements illicites", qui se situent dans des "quartiers
populaires" sont "exaspérés" et "excédés". Il cite en
exemple de cette exaspération des incendies dont précisément, la police n'a
jamais pu établir la cause. Dans les rues, dans les magasins, partout, le rejet
raciste des Rroms est de plus en plus palpable, nourri par ce type de discours.
En plus du racisme qui la
sous-tend et qu'en même temps elle suscite, cette politique est désastreuse
financièrement parlant. M. Valls se vante d'avoir supprimé l'"aide au
retour humanitaire", qui avait selon lui "des effets pervers" et
qui en fait était perverse dans les raisons qui ont mené à sa création. Il ne
faut en effet pas oublier que les premiers "demandeurs" de cette aide
signaient la demande dans des autocars affrétés par l'Etat pour
partir vers Bucarest, sous la menace de passer quelques jours ou semaines en
centre de rétention et d'être expulsés en avion sans les 300 euros proposés.
Autre gouvernement, autre temps, autre méthodes: Il faut consommer en France et
français avant tout!
Avant, les 300 Euros étaient
dépensés en Roumanie, y compris les 100 dédiés au retour en France en autocar.
Désormais, l'argent français est bien dépensé en France. Il va aux caisses des
opérateurs de l'Etat chargés de faire les diagnostics sociaux et aux hôteliers
qui hébergeront quelques nuits quelques Rroms expulsés de leurs
habitations.
Dans le
département de al Seine-Saint-Denis (93), l'un des moins chers, le tarif
pratiqué par les hôteliers pour l'hébergement d'urgence est de 37 euros par personne et par nuit,
soit bien plus cher que le prix pratiqué en temps normal, et fixé par chambre,
pas par personne. L'hébergement à l'hôtel est une mise à l'abri, toujours
provisoire. Généralement, il est maintenu pour 2-3 nuits.
La France
devrait avoir honte de ceux qui la dirigent. Marianne, si elle était en chair et
en os, serait la femme la plus malmenée de France et de Navarre, et même
au-delà. Et ce n'est certainement pas les Rroms qui sont responsables. Ils ne
sont qu'une carte avec laquelle les autorités et leurs alliés jouent un sale
jeu de poker, où les enjeux sont complètement étrangers aux Rroms. Il
y a d'autres cartes dans ce sale jeu: les mal-logés, les chômeurs, les
sans-papiers... le jour où ces cartes deviendront des joueurs, ils pourront
casser le jeu et construire le vivre ensemble.
2 commentaires:
Il est vrai qu'il y a un malaise général ne serait ce qu'en voyant ts ces sans abris ds les rues, les stations de métro... Pour ma part je me sens mal face à cette misère ms à la fois impuissante... Ca ne pourra ps durer ainsi. Les jeunes ne savent ps que faire après leurs études et sont démotivés face au manque de travail et dire qu'il faut travailler plus alors qu'il n'y a ps de travail pr tt le monde !! Les Rroms sont considérés comme des parias et c'est grave aussi. Triste constat...un peu comme la météo !
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