Par jugement du 19 décembre 2014, la 17ème
chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris s’est déclaré
incompétente pour juger les propos tenus par Manuel Valls sur les Rroms. La
voix des Rroms a fait appel de cette décision qui pose des problèmes au-delà
des Rroms. Elle estime en effet que cette décision donne carte blanche au
racisme, dès lors qu’il provient du gouvernement.
Le tribunal a estimé que « Manuel Valls n’a pas
émis une opinion comme homme politique dans le cadre d’un débat d’intérêt
général mais a été invité par des journalistes à s’exprimer en sa qualité de
ministre de l’intérieur sur un sujet en lien direct avec la conduite des
affaires de l’Etat, de sorte que les faits qui lui sont reprochés ont bien
été accomplis dans l’exercice de ses fonctions ministérielles ».
Entre autres propos, voici ce que le tribunal estime être
« en lien direct avec la conduite des affaires de l’Etat » :
- « Il est illusoire de penser que l’on règle le problème des populations roms à travers uniquement l’insertion »
- « Ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation ».
- « Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie ».
La république française ne reconnaissant pas de minorités
ethniques, en quoi « le problème des populations roms »
est-il lié à la « conduite des affaires de l’Etat » ?
Sous prétexte de nommer tour à tour, en jonglant « ces populations »
et « populations roms », un ministre peut-il échapper impunément
propager un point de vue raciste en se couvrant de son portefeuille
ministériel ? Le délit de provocation à la discrimination deviendra-t-il
inapplicable aux politiques qui occupent un ministère ?
Pour La voix des Rroms la réponse est clairement
« non ». Ce délit est encore plus grave lorsqu’il est exprimé par des
membres du gouvernement. C’est pourquoi elle a interjeté appel de cette
décision et reste mobilisée pour faire condamner ces propos par la justice
française. A défaut, et après épuisement de toutes les voies de recours, elle
saisira la Cour européenne des droits de l’Homme.
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