Le 13 juin dernier, la police municipale du Bourget a procédé à l’expulsion brutale et probablement illégale d’une maison vide occupée par 7 hommes, femmes et enfants Rroms. Les occupants étaient depuis des jours l’objet d’intimidations et menaces de leurs voisins. Alors que l’ONU s’inquiète des violences policières en France, La voix des Rroms s’alarme de la gravité de leurs conséquences sur la vie quotidienne des personnes les plus vulnérables. Le pôle « Déontologie de la sécurité » du Défenseur des Droits a été saisi.
Le 18 avril dernier La voix des Rroms était invitée à Genève
pour témoigner devant le Comité contre la torture de l'ONU qui examinait la situation française, notamment sous
l’aspect des violences policières.
Depuis, la réalité témoigne quotidiennement de l’intensité
et de la banalité de cette violence en direction des Rroms migrants.
"une nouvelle expulsion particulièrement violente"
Ainsi, 7 hommes, femmes et enfants, anciens résidents du
Bidonville du Samaritain, -dont l’expulsion brutale avait fait en Aout 2015,
l’objet de condamnation fermes du Défenseur des Droits, et du Commissaire aux Droits de l'Homme de l'ONU- ont fait l’objet, le soir du 13
juin dernier, d’une nouvelle expulsion particulièrement violente et dont la justice devra décider de
la probable illégalité.
Depuis 10 jours, Costel, Rrom de nationalité roumaine, son
fils, et une autre famille composée d’un couple, une grand-mère et deux
enfants, s’étaient installés dans une maison vide au milieu de quartier
pavillonnaire de classe moyenne blanche de la commune du Bourget, après avoir
été victimes d’une nouvelle expulsion.
Lors de la première visite de la police nationale à leur
nouveau logis, Costel et ses amis ont présenté une preuve de ce que leur
occupation avait plus de 48 h d’ancienneté. Cette preuve a été reconnue par ces
policiers du commissariat de La Courneuve. Elle garantissait donc qu’une
éventuelle expulsion ne pourrait être que le fait d’une décision de justice, laissant
ainsi aux occupants de la maison un certain répit.
Mais visiblement ce souci de la justice ne semblait pas être
du goût de tous. En effet, les jours d’après, des voisins, au premier chef
desquels un homme se présentant comme étant un gendarme à la retraite et disant
être le propriétaire, sont venus avec l’intention de déloger Costel et ses amis
par la force. Ces derniers témoignent avoir été l’objet de menaces de mort.
Cette stratégie illégale d’intimidation
ne fit qu’aller crescendo chaque
jour.
« les papiers ce sera poubelle »
Jusqu’au soir du 13 juin, ou des hommes de la police
municipale du Bourget, qui n’est pas habilitée à procéder à des expulsions
(hors exécution d'un arrêté municipal), sont venus mettre à exécution les menaces portées par
les voisins des jours durant. Costel raconte avoir été giflé par un
policier, ainsi que son fils, menacés
d’être "gazés", et sortis de force de la maison.
Les deux femmes arrivent alors et demandent d’entrer dans la maison pour
récupérer leurs papiers. Ce à quoi un policier répond : « les papiers
ce sera poubelle ». Lorsque l’une
d’entre elles lui présente la preuve de l’ancienneté de leur occupation et donc
de la légalité de leur présence, ce policier la déchire devant elle. Il affirme
par ce geste devant cette femme, qu’entre elle et la police, il n’est pas
question de justice, mais de force, c’est-à-dire de violence !
Afin ne pas laisser impuni le comportement illégal et dangereux
des forces de l’ordre, le Pôle juridique du Mouvement du 16 Mai, réseau
d’organisations dont fait partie La voix des Rroms a saisi le pôle
« Déontologie de la sécurité » du Défenseur des Droits qui a ouvert un dossier. En outre, une plainte a
été déposée contre le gendarme à la
retraite pour « menaces de mort ». Ce sera à la justice de décider si désormais en France la
loi est faite par seul le pouvoir de la violence qu’elle soit institutionnelle ou privée.
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