samedi 10 juin 2006

Le bilinguisme - une tare ???

Vous avez certainement entendu parler de la dernière idée du ministre de l'intérieur, soumettant la régularisation des enfants étrangers scolarisés en France à la connaissance du français seul. Cela veut dire, en d'autres mots, qu'à partir du moment où l'enfant parle une autre langue, il est susceptible d'être renvoyé, avec sa famille, dans son "pays d'origine". C'est un attaque frontale à la citoyennenté multiculturelle, sans parler de la drague des électeurs de l'extrême droite qui se poursuit inexorablement. Sur ce dernier point d'ailleurs, dans Le Parisien du 6 juin 2006, Claude Allègre écrit à propos de Royal : "Sarkozy court derrière Le Pen et Royal court derrière Sarkozy". Le Pen quant à lui, ajoute que "ça nous donne peut-être le résultat de 2007".

Mais revenons à la seléction des élèves étrangers: A une période où l'Union européenne mise sur la connaissance de plusieurs langues, avec un accent mis sur celles extra-européennes, à l'heure où la connaissance d'au moins une langue étrangère est devenue tellement indispensables que les établissement se permettent même de faire de la publicité à la télé et partout, qu'est-ce que ça veut dire de ne régulariser la situation des enfants que s'ils parlent français à l'exclusion de toute autre langue? C'est simple. Dans d'autres mots, cela revient à dire: si on pouvait renvoyer tous les Arabes, tous les Noirs et tous les Tsiganes chez eux, on le ferait. Le problème est qu'il y en a qui ne peuvent être renvoyés nulle part parce qu'ils ne parlent que français. On est bien obligés de les garder ceux-là. Ne votez plus le Pen alors, vous voyez, il n'aurait pas fait mieux. Et tant pis si les parents de ses élèves maintiennent des pans entiers de l'économie française par leur travail. Tant pis si sans eux, la consomation, et donc la production, et donc la croissance, prendrait un coup. Les électeurs sont trop bêtes pour réfléchir si loin, tout ce qui les intéresse c'est de chasser les étrangers. C'est ce que M. Sarkozy pense. On verra en 2007 s'il a raison.
En attendant, nous ne pouvons pas rester muets devant cette quasi criminalisation du bilinguisme. Ne serait-ce, en tant que Rroms, nous sommes tous au moins bilingues et, peu importe qui cette mesure touche en premier ou en priorité, nous nous devons de dire notre désaccord et notre colère. Non M. Benisti, ce n'est pas le fait pour les enfants de parler à la maison "le patois de leur pays d'origine" qui les pousse vers la délinquance, comme vous l'avez soutenu dans votre rapport d'il y a quelques mois sur la prévention de la délinquance. Mais ne perdons pas de temps pour argumenter contre votre thèse, il n'y a qu'à voir votre expression "patois de leur pays d'origine" pour se rendre compte de la philosophie qui vous inspire.
Nous ne dirions jamais que les dizaines de milliers de jeunes français diplomés qui quittent chanque année la France pour travailler aux Etats-Unis, au Royaume Uni ou ailleurs, parlent "le patois de leur pays d'origine" entre amis les vendredi soir, et vous savez pourquoi? Non pas parce que le français vaut mieux que l'anglais, ou l'arabe, ou n'importe quelle autre langue, mais parce que entre vous et nous, nous n'avons certainement pas les mêmes valeurs.

Aussi, et la question mérite d'être posée, comment va-t-on vérifier si l'enfant parle ou pas une autre langue que le français? Soyons clairs: les parents conseilleront certainement leurs enfants de ne surtout pas dire qu'ils parlent telle ou telle langue (on ne se croirait pas en 2006, mais plutôt...). Comment vérifier? Mettra-t-on des micros dans leurs foyers? Et s'ils s'en doutaient et ne parlaient plus qu'en français? Il ne resterait plus alors que de les torturer pendant qu'on leur pose des questions dans la langue qu'on les soupçone de parler...

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