Après les nombreuses réactions qu’a suscité la reprise de la
politique de Sarkozy-Hortefeux par M. Valls, le ministère de l’Intérieur tente
de se démarquer de l’UMP. Il le fait mal, et il faut dire que l’exercice n’est
pas aisé :
« Il a été mis fin à la politique du chiffre »
dit le ministère, ce qui est vrai. Mais l’absence d’annonce d’objectifs
chiffrés change-t-il quelque chose à la reprise intensive des expulsions
en grande pompe et en présence de journalistes ?
«Contrairement à la politique menée par le précédent
gouvernement, aucune population n’est ciblée pour elle-même, il n’y a plus de
'politique ethnique' en France». Ceci n’est pas sans rappeler la fameuse
circulaire Hortefeux du 5 août 2010, illégale parce qu’elle désignait nommément
les Rroms, retirée après les menaces de la Commission européenne et remise en
circulation de manière légale après lui avoir enlevé le mot « roms »,
une fois que la cible était bien claire à l’esprit des préfets. Alors, certes
Valls n’est pas Hortefeux du 5 août 2010, car il n’utilise pas le mot « roms »
mais l’expression « population dites roms ». Quelle
nuance !
«Des élus de gauche comme de droite réclament
(leur) évacuation, face à la demande pressante et légitime des populations,
comme notamment à Villeneuve-d’Ascq, à Lille et à Lyon», a noté
l’Intérieur à l’AFP. Que ce gouvernement est à l’écoute du peuple. Tenez, la
prochaine annonce sera certainement le référendum tant demandé pour l’adoption
du pacte budgétaire européen, parole de socialiste ! Et dans la foulée, on
soumet aussi à référendum le rétablissement de la peine de mort, tant pis pour
Badinter !
Pour info, à Lyon, des
voisins de Rroms menacés d’expulsion vendredi avaient suspendu à leurs fenêtres
des pancartes sur lesquelles était écrit : « Laissez-nous vivre
ensemble » et « laissez nos voisins tranquilles ».
Entre Valls et les témoins
lyonnais, il y en a un qui ment.
Le ministère se défend de toute « stigmatisation »
dans sa façon d’aborder la question des Rroms. Mais alors pourquoi le ministre
a-t-il menti en parlant d’« une situation de confrontation entre les
populations des quartiers populaires et les populations dites roms » en Seine-Saint-Denis pour justifier ses « démantèlements »? Si ce n’est pas de la stigmatisation, c’est un peu
pire… c’est tenter de susciter des tensions lorsqu’il n’y en a pas. Cela ne
vous rappelle-t-il pas l’été 2010 ? A nous, si !
L’exercice de communication auquel se livre M. Valls n’est
pas difficile. Il est tout simplement impossible. Sa politique ressemble à
celle de MM. Hortefeux et Guéant comme
deux gouttes d’eau. Il ne lui reste donc qu’à l’assumer pleinement, mais peut-il
vraiment le faire? Quelle sera l'issue de cette affaire?
Nous avons consulté Madame Irma pour vous M. Valls, et
savez-vous ce qu’elle dit ?
Après le soutien plein et entier de la branche droitière de
l’UMP qui vous est déjà acquis, bientôt vous vous rallierez jusqu'aux
ultra-gauchistes de l’UMP, et en 2017 vous serez le candidat UMP à la
présidentielle ! Nous lui avons demandé si vous seriez élu, mais elle n’a
pas voulu nous répondre. Elle a dit qu’il faut un peu de temps encore pour que
Eric Besson digère déjà ça, avant d’annoncer le reste. Alors, patience…
18 commentaires:
comment des gens qui vendent un panier en osier par mois peuvent-ils roulé en bmw toute neuve et moi qui travail depuis que j'en ai l'âge je roule en clio?
Rentrez chez vous...j'habite à proximité de la porte d'Aubervilliers, notre quartier a complètement été dégradé ...vols, agressions, prostitution...
Bonjour,
Bien sûr, les citoyens roumains et bulgares ont droit à un traitement humanitaire à titre personnel, mais pas au titre d'un peuple ou minorité. Des témoins américains et français, présents dans ces pays à divers titres, ont reconnu en privé que ce sont
les actions agressives des politiciens et fonctionnaires locaux ( maires, conseillers généraux, préfets de districts ou leurs équivalents en roumain) qui font partir les citoyens de la minorité Rom et les obligent à se diriger vers l'OUEST et la France, notamment avec l'aide d'anciens détenus de droit commun récemment libérés. Des listes de noms de ces maires circulent aux USA et certaines régions françaises les reçoivent dans le cadre des programmes européens ! enfin, la directive sur la libre circulation dans l'UE prévoit sa non-application en cas de trouble à l'ordre public, c'est ce qui se passe en ce moment.
OK, dans l'ordre:
@ Anonyme - vous vous trahissez. Les paniers en osiers dont vous parlez, ça vient certainement de votre imagination, qui dicte vos propos bien plus que vos sens (la vue, l'ouïe etc.). Aucun Rrom roumain ne fait de paniers, ni à Porte d'Aubervilliers ni ailleurs. Permettez-nous donc de considérer que les vols, agressions, prostitution et BMW c'est pareil.
@ corsiglia - oui, c'est en tant que Roumains ou Bulgares qu'ils doivent être considérés à égalité avec les autres citoyens européens, ce qui n'est pas le cas. En revanche, nous n'avons aucune information sur des actions agressives de politiciens et fonctionnaires locaux, qui de surcroit auraient utilisés d'anciens détenus... Et ce qui se passe en ce moment, c à d les expulsions, ne sont jamais motivées par des troubles à l'ordre public. En effet, celui-ci doit être caractérisé pour justifier une expulsion et force est de constater que l'installation sur des lieux sans droit ni titre n'est pas un trouble justifiant l'expulsion.
Triste ces commentaires, on est bien incapable de vivre ensemble. Rien ne change de ce côté-là.
Ca n'est pas les groupes qui font les délits, c'est la misère et le manque d'éducation qui les produisent.
Et ce n'est ni Valls ni Lepen qui résoudront les problèmes des gens qui se sentent agressés, au contraire, la guerre des uns contre les autres n'est jamais une solution.
C'est une organisation sociale plus humaine et la fin du capitalisme qui sévit déjà depuis trop longtemps !!!
Courage et résistance aux peuple opprimés !!
Les Rroms se réveillent et vous m'en voyez fort heureux ! J'ai écrit ici ma rencontre avec une famille Rrom de Roumanie : http://partageux.blogspot.fr/2012/01/teresa.html
Et, à vous lire, cela réveille en moi des souvenirs encore bien plus anciens. Je m'en vais raconter un jour l'histoire d'un petit cirque qui a hiverné dans mon patelin. Et aussi ce qui s'est passé dans un autre patelin de ma campagne autour d'une convention évangélique tzigane vers 1970.
A travers votre blog, j’ai du mal à comprendre les solutions que vous souhaitez proposer ? Qu’est-ce que vous réclamez ? J’habite également Aubervilliers, les Roms sont en marge de la société. Etant bénévole dans une asso humanitaire, ils ne viennent même pas… C’est pour dire la dé-sociabilisassion ! Même les systèmes d’aides les plus basiques auxquels ils ont le droit, ils ne l’utilisent pas ! Ils ne saisissent pas leurs droits, alors voir leurs devoirs respectés me parait encore moins évident. Tant que les roms dérangent pas les riverains qu’on ferme, les yeux sur l’insalubrité, la vie des enfants (qui devraient être placés) et tous autres problèmes moralement condamnables, pourquoi pas. Mais à partir du moment où il y a nuisance pour les riverains, c’est normale de demander le départ. Le comportement de Mr Valls n’est pas de droite ou gauche, il est républicain. Personnellement, je n’ai pas de solutions meilleures. Pourquoi vous ne vous organisez pas pour acheter des terrains et vous les louer entre vous plutôt que d’avoir de belles voitures (je l’accorde, ce ne sont pas tous des belles BM mais on en voit !)? Ca responsabiliserait le comportement de chacun vis-à-vis de la communauté à défaut de vouloir être dans la société.
Bonjour,
Si vous faites une pétition pour demander au gouvernement de renoncer à ces expulsions, je la signerai.
Courage, tous les français ne sont pas contre les Rroms.
Éric
@ DG
Ce que nous réclamons tient en deux mots: respect et égalité. Qu'on reconnaisse p. ex. le droit à ces Rroms roumains de travailler en France.
Pour le reste, votre discours est typique d'une certaine catégorie de bénévoles humanitaires... teintée à la fois de compassion et de suspicion. Vous parlez de désociabilisation parce que les Rroms ne viennent pas vous réclamer de l'aide humanitaire. Mais peut-être qu'ils ne connaissent pas, M., ou peut-être qu'ils n'ont pas besoin de ce que vous offrez, ce qui ne doit pas vous offusquer, puisque des gens dans le besoin il y en a toujours, et trop malheureusement.
Le républicanisme est une drôle de chose, enfin, un drôle de mot en tout cas. Chacun y met ce qu'il veut et le sort en fonction des besoins comme ça. Je me trompe peut-être, mais si vous suggérez le placement des enfants rroms, sachez qu'une telle pratique entre dans la définition de la Convention internationale sur la prévention des génocides. Je suis sûr que ça vous choque de l'apprendre mais c'est ainsi.
Quant à votre proposition sur les terrains, c'est bien plus compliqué que ça. Au-delà des difficultés pour acquérir des terrains, habiter dessus avec des constructions légères est rendu impossible par la loi qui cherche à tout faire entrer dans des cases. Et ce sont ces cases-là qui nous ont plongé dans la crise (la bulle immobilière).
@Voix des roms
Sur le côté républicain, ce que j’entendais c’est que la personne lambda qui fait du camping sauvage ou squatte un endroit est virée car c’est la loi. Valls essaie d’appliquer la loi comme si c’était des personnes Lambdas. La question que je me pose, c’est est ce que sous pretexte d’une communauté vulnérable, on peut laisser les gens enfreindre les lois ?
Pour les terrains, vous parlez que c’est compliqué. C’est pourtant majeur pour le malaise qu’ils créent dans la société. De plus les terrains qu’ils utilisent sont dégelasses ! Je comprends qu’avec le risque d’être viré on n’en prend pas soin mais actuellement ils transforment leur « chez eux » en décharge ! Si vous êtes proche d’eux, apprenez-leur à ramasser leurs papiers et leurs déchets, ça contribuerait grandement à valoriser leur image.
Quand je parle des enfants, ce n’est pas le placement des enfants car ils sont Rroms. Mais le placement des enfants vivants dans des conditions de salubrité inacceptables qu’ils soient Rroms ou pas. Si des enfants de Rroms vivent dans des conditions acceptables, il n’y a aucune raison de les placer. Mais pour ce que je vois à Aubervilliers… Si ils n’étaient pas Rroms, ils auraient été placés depuis un moment (enfin j’espère sinon c’est que les services sociaux sont défaillants).
Il faut des règles et les mêmes pour tout le monde (appelez ça des cases, si vous voulez), sinon c’est l’anarchie. Et si c’était l’anarchie, c’est eux qui en souffriraient le plus. Actuellement, les Rroms enfreignent beaucoup de règles mais nous sommes tolérants car nous n’avons pas de solutions concrètes et de moyens à leur apporter. D’une certaine façon on les place au-dessus de certaines lois. Comprenez alors le désarroi d’un smicard qui se prend une amende pour une voiture mal garée...
Votre réponse qui demande respect et égalité je la comprends, ma nouvelle question est : concrètement comment on fait? Vous pourriez faire un liste de revendications concrètes?
Bien DG, la liste des revendications, on en fait régulièrement, et vous pouvez en voir une ici http://www.depechestsiganes.fr/wp-content/uploads/2011/11/decalogue.pdf . Un truc encore plus complet et pour l'Europe, c'est ici www.rroma-europa.eu
La voix des Rroms ne demande RIEN de particulier pour les Rroms, pas de privilège, mais juste l'égalité réelle. Vous avez vos opinions, ce sont les vôtres et on ne cherche pas à les changer. Nous, on ne pense pas que la loi doive primer sur la dignité des êtres humains. D'ailleurs, on est solidaires aussi des personnes non-rroms qui squattent et se font virer. La loi doit servir les hommes, et ce n'est pas les hommes qui doivent être sacrifiés à l'autel de la loi. Elle doit assurer un équilibre entre les intérêts légitimes de tous. Quand des gens habitent un lieu qui ne sert à personne, même si ça ne leur appartient pas, leur droit à un toit prime sur le droit de propriété d'un propriétaire qui n'a aucune utilité de son bien. Quand c'est un terrain, ramasser les ordures c'est aussi une obligation, mais les responsables s'en foutent. Et quand la saleté est telle qu'il est inacceptable pour des enfants d'y vivre, on nettoie, on ne place pas les enfants. C'est comme si, parce qu'on a coupé trop profond un ongle et que ça risque de s'infecter, on ampute le bras. Certes, avec une logique loi-république-exécution-égalité formelle on peut faire ça, mais justement, ce n'est pas la bonne manière de faire, au moins à notre avis.
Bonsoir à vous,représentants de Voix des Rroms
vous dire le grand plaisir de découvrir votre blog et vos communications
je veux croire encore que l'éducation au sens large, la prise de conscience citoyenne et le débat d'idées soient encore des valeurs partagés dans cette hexagone et au-delà aussi
bien à vous,
gardons courage dans nos facultés d'analyse et dispositions à trouver des solutions paisibles
LR
Bonjour, madame Voix:
Il y a quand même quelque chose qui me gène: les dispositions transitoires sont quasiment pousse au crime, obligeant des citoyens europeens à survivre, avec parfois leurs enfants, dans de mauvaises conditions (que de bonnes âmes ont le bon goût de leur reprocher) parce qu'il leur est interdit de travailler -un honnête homme est alors fortement pénalisé par rapport à un truand.
Je ne comprends pas non plus l'interet de ces mesures transitoires: est ce par crainte d'un appel d'air qui disparaîtrait, comme par miracle en 2014 (à moins que devant l'afflux de hordes de migrants, les travailleurs français devraient se suicider d'ici 2014).
Il y a aussi un point qui me chagrine dans l'interdiction faite aux Rroms Roumains et Bulgares de travailler -parce que le résultat concret est dirigé contre une ethnie- :
s'agit il d'une décision administrative (et alors là, il suffirait d'une décision d'un ministre pour la lever),
d'un traité ou
d'une loi (et quand a-t-elle été veautée dans ce cas?)
Et que se passera-t-il si ces dispositions transitoires sont levées? Estce que, dans une petite ville de province, les administrations le comprendront?
@ Ris de Veau
Vous avez raison, on nous pousse dans la misère, et parfois dans la délinquance, pour ensuite nous le reprocher. Mais on n'est pas seuls dans cette situation.
Quant aux interdictions, elles concernent sur papier tous les Roumains et Bulgares, mais en pratique, elles touchent surtout les plus démunis entre eux, et parmi ces démunis, il y a des Rroms. Ensuite, il y a aussi des non-Rroms dans les mêmes conditions, mais parce qu'ils vivent dans des conditions là, les médias les présentent comme des Rroms.
Rebonjour, madame Voix:
il reste quelque chose qui me rend perplexe : que se passera-t-il si les mesures transitoires sont "prématurèment" levées? Les administrations de province mettront combien de temps à le comprendre? Parce que ça peut interesser des gens et que ce serait une horrible gaffe de les annoncer avant que les administrations l'aient compris...
PS (Post Scriptum, bien sûr) : "Ensuite, il y a aussi des non-Rroms dans les mêmes conditions"
c'est rare dans des petites villes de province: les gens qui habitent un bidonville reconfigurable viennent tous de la même région, reconnaissent les chiffres gitans et parlent entre eux un mélange de Rrom et de Roumain (pour les mots courants -alimentation- , j'ai estimé chez l'une d'elle la proportion de romanes/kalderash à 80%).
Je commence par le PS (post scriputum, bien sûr:)). Il y a des Rroms dans les bidonvilles, on ne dit pas le contraire, mais tous ceux qui sont dans des bidonvilles ne sont pas Rroms.
Ensuite, pour l'application des nouvelles mesures, si elles sont prises, bien sûr que ça ne changera pas les choses d'un claquement des doigts. J'ai des amis gitans qui, pour avoir un job, se sont présentés comme des Pakistanais. C'est dire si le racisme est bien vivant. Mais au moins, sur le papier ils auront le droit de travailler. Et là, la lutte commence.
our, Madame Voix:
dans ma ville natale, le seul bidonville que je connaisse était aussi habité par des Maghrébins il y a deux ans (quelqu'un qui arrivait pour la première fois de Roumanie en France me l'avait dit, et elle savait des mots de dialecte arabe); en début d'année, il n'y avait plus "que" des Rroms (effet du printemps arabe? caractère inhospitalier de ma ville natale?).
Par ailleurs, il me semble que les mesures transitoires ont été demandées par la France comme une faveur à l'Europe il y a 7 ans, pour lui permettre de s'adapter (voire pour ennuyer le successeur d'hommes politiques ).... Dans ce cas, les présenter comme une loi -alors qu'il s'agit d'une dérogation provisoire et qui prendra fin en 2013-, ce qui est assez courant sur l'étrange toile, est une aberration intellectuelle.
Enfin, je ne comprends pas pourquoi les préfectures ont leur mot à dire pour l'embauche de certains citoyens européens. Des pressions orales sur l'employeur potentiel peuvent continuer à s'exercer...
Et il y a une ambiguité dans la presse de ce matin dans le cas des expulsions (s'agit il de l'évacuation de bidonvilles ou d'OQTF?)
Enregistrer un commentaire