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mardi 19 novembre 2013

Le "village d'insertion" de Saint-Ouen expulsé ?

Demain mercredi 20 novembre à 9 heures le Tribunal de grande instance de Bobigny jugera la demande d’expulsion formulée par l’aménageur public Séquano contre les familles rroms du village d’insertion à Saint-Ouen. Les familles ont assigné la ville de Saint-Ouen à ce procès. Elles estiment devoir être relogées par la ville en cas d'expulsion. Entre autres, ces familles vivent sans électricité depuis le 26 juillet, lorsque le courant a été coupé par l’ALJ 93, ancien gestionnaire du « village ». Sollicitée pour le rétablir, la ville a toujours fait la sourde oreille et semble attendre impatiemment leur expulsion.

Récemment, Mme. Jacqueline Rouillan, maire Front de Gauche de la ville de Saint-Ouen, s’est illustrée en interpellant le ministre de l’Intérieur afin qu’il expulse rapidement un grand bidonville des Rroms installés sur sa ville. Entre autres, la ville de Saint-Ouen se prévalait de son « village d’insertion », comme un exemple positif incarnant sa volonté politique et son effort pour l’intégration des Rroms, volonté et effort pas assez partagés par d’autres communes.

Or, le 15 juillet dernier, la police municipale demandait aux 8 familles restantes sur le « village d’insertion » abandonné par l’ALJ 93 de partir d’eux-mêmes avant que le lendemain elles ne soient expulsées par la force. Les familles sont restées.  Les associations La voix des Rroms et Rromeurope ont proposé aux représentants de la ville de continuer et de mener à bien le travail qui avait été mal fait par les gestionnaires depuis cinq ans. La mairie n’a pas donné suite à cette proposition.

Le 26 juillet, l’électricité sur le site a été coupée, puisque le gestionnaire du village (ALJ93) avait résilié le contrat EDF. Les familles ont souhaité la rétablir et régler les factures, mais s’agissant d’un réseau spécial (en pleine zone industrielle), les gestionnaires du réseau électrique ont exigé l’intervention de la mairie. Sollicitée régulièrement, celle-ci continue à faire la sourde oreille. Depuis presque quatre mois, ces huit familles vivent donc sans électricité.

Assignées en justice par le nouveau propriétaire du site, l’aménageur public Séquano, les familles ont à leur tour assigné la mairie, qui en vertu d’une convention passée avec le gestionnaire du défunt village d’insertion, ALJ 93, doit prendre le relais dans leur accompagnement vers l’insertion. L’audience aura lieu ce mercredi 20 novembre au Tribunal de Grande Instance de Bobigny.

Il est bien loin, le temps de la tromperie:


Après le Bidonville... par prise-directe

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mardi 16 juillet 2013

Saint-Ouen : les vendeurs d’insertion partis, le progrès peut commencer

Le « village d’insertion » de Saint-Ouen avait ouvert ses portes en 2008 pour qu’elles enferment, avec les murs entourant ce terrain de la zone des docks, une réalité qu’on ne saurait montrer au grand jour. Seulement, les vivres étant coupés, le gestionnaire de ce « village » association logement jeunes (ALJ) 93 a cessé son activité. Pas grand monde pour pleurer sur cela, tant ces cinq ans ont été un véritable test à la flexibilité de l’échine des « pris en charge », soit 19 familles. Au bout de cinq ans donc, avec des financements conséquents dont 75% sont alloués à la surveillance et au gardiennage (dans les prisons, ce poste budgétaire représente environ 37% seulement du budget), la matière première que sont les Rroms est abandonnée est invitée à quitter les lieux. Le comité de pilotage avait prévenu à plusieurs reprises depuis la fin 2012 de cette fermeture.

Le bilan laisse songeur : 4 familles seulement sur 19 ont pu trouver une vie autonome. Quatre autres ont été transférées dans le « village d’insertion » d’Aubervilliers, géré lui aussi par la même ALJ 93. Quatre autres ont été virées pendant le projet, pour des raisons que nous ne connaissons pas de manière précise, mais dont on peut supposer qu’elles aient eu un lien avec le respect des règles drastiques de ce centre fermé (on ne pouvait pas y recevoir de la visite p. ex., y compris de sa famille proche). Enfin, sept familles devaient avoir quitté les lieux jusqu’à ce mardi 16 juillet, sous la menace d’une intervention de la police pour les déloger.

Des membres des associations La voix des Rroms, Rromeurope et Terne Roma se sont rendus sur place depuis hier et certains y sont restés jusqu’à aujourd’hui après-midi. La demande de Mme. Marie-Louise Mouket de virer le président de La voix des Rroms n’a pas été exécutée par le gardien, employé d’une entreprise privée qui a répondu clairement qu’il ne gardait pas une prison et que les habitants pouvaient recevoir les personnes qu’ils voulaient. Sans doute Mme. Mouket se croyait-elle avec les vigiles employés par l’ALJ, qui exécutaient à la lettre les règles drastiques de ce centre fermé comme les ordres du pouvoir hiérarchique qu’elle avait sur eux. Les agents de la police municipale arrivés quelques minutes plus tard, apparemment à sa demande, n’ont pas fait plus qu’annoncer une énième fois l’expulsion du lendemain. Raté ça aussi, car en tant que policiers municipaux ils ne peuvent intervenir que pour des infractions au code de la route ou aux arrêtés municipaux. Aujourd’hui, une autre patrouille est repassée pour constater avec surprise que la police nationale n’était pas intervenue non plus pour expulser les occupants. Mme. Mouket avit reçu aussi deux représentants de la ville en fin de matinée, dont le directeur général adjoint M. Mario Salvi, sans qu’il y ait de discussion avec les occupants, quelque peu en colère de cette pression.


Cet après-midi, M. Mario Salvi est revenu en compagnie de M. Attal, lui aussi employé de la ville, pour constater encore une fois la détermination des habitants dont les rapports des « spécialistes de l’insertion » de l’ALJ disent qu’ils n’ont « pas répondu aux critères de volonté d’intégration ». Pourtant, tous les enfants, scolarisés, parlent un français parfait, et une majorité d’adultes ont une maîtrise satisfaisante de cette langue. Beaucoup ont déjà des autorisations provisoires de séjour, certains ont des contrats de travail (dont un CDI, cette vieille chose qu’on ne voit plus souvent), et deux ont créé des petites entreprises. L’un d’entre eux a déclaré aux représentants de la ville qu’il s’était vu déchirer le K-bis par les « accompagnateurs » qui le « prenaient en charge », sous prétexte que cela n’était « pas intéressant » pour lui. Et des exemples similaires de bon « accompagnement » il y en a eu d’autres. Il ressortait de ces échanges que si la réussite du projet n’est pas au rendez-vous, ce n’est certainement pas faute d’efforts des « accompagnés », mais plutôt faute de volonté réelle de l’ « accompagnant ». Quoi qu’il en soit, les représentants des associations Rromeurope et La voix des Rroms ont exprimé leur souhait de remettre tout à plat et de partir sur de nouvelles bases pour que ces 7 familles réussissent leur parcours. Si l’objectif est partagé par la ville de Saint-Ouen, elle demande que l’Etat soit impliqué dans cette démarche. Logique, et pas exclusif de l’implication de la ville aussi. Il est vrai, cinq ans sont passés sans grand résultat, mais ce n’est pas une surprise. C’est la méthode qu’il faut changer, et fondamentalement. Ces familles ne doivent plus être considérées comme des objets d’une action sociale, mais comme des actrices de leur propre vie, de leur propre progrès. En un mot, se prendre en charge pleinement dans la mesure de leurs moyens, qui ne doivent pas être étouffés, mais étoffés par les efforts de la ville, de l’Etat et de tous ceux qui le peuvent. Le propriétaire du terrain (la société Sequano) aurait entamé une procédure en justice pour obtenir l’expulsion des familles, selon les représentants de la ville de Saint-Ouen. Procédure que les habitants devraient affronter et dans laquelle nous les appuierons dans toute la mesure du possible. Reste cependant que si une expulsion devait avoir lieu, la ville ou l’Etat devraient mettre à disposition d’autres terrains ou immeubles pour loger ces familles et dans tous les cas, un vrai travail commun et basé sur le respect de tous. Les vendeurs d’insertion partis, le progrès peut désormais commencer. La balle est revenue dans le camps des autorités. 


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vendredi 17 août 2012

Le changement commencera-t-il la semaine prochaine?

La voix des Rroms salue l'initiative d'une réunion interministérielle et d'une consultation des associations. Espérant que cette réunion marquera le début d'un traitement global de la situation de quelques 15 000 Rroms roumains et bulgares en situation de précarité, La voix des Rroms souhaite contribuer à une telle démarche avec son expertise de terrain. Elle l'a fait savoir dans un courrier adressé au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, où elle mentionne aussi l'écueil que représentent les "villages d'insertion", présentés par leurs promoteurs comme une "alternative". Par ailleurs, cette dérive fait l'objet d'une tribune à paraître au journal Libération ce vendredi 17 août.

Ci-dessous, le courrier au Premier ministre

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Monsieur le Premier ministre,

Au nom de l'association "La voix des Rroms", je tiens à féliciter l'initiative d'une réunion interministérielle que vous présiderez au courant de la semaine prochaine. En effet, nous espérons qu'elle marquera le début de changements importants, non seulement pour les quelques 10 à 15 000 Rroms de citoyenneté roumaine et bulgare en situation de précarité, mais aussi de l’ensemble de la population française, y compris les quelques 500 000 Rroms.

Au vu de nos expériences, il nous semble essentiel d’assurer un accès effectif au droit commun pour chaque catégorie de personnes, et la perspective de la levée des restrictions à l’accès à un emploi en France pour les ressortissants roumains et bulgares nous réjouit. Il est vrai qu’elle ne suffira pas à elle seule à résoudre les problèmes rencontrés par ces familles, mais elle constitue la base sans laquelle toute autre mesure resterait vaine.

L’annonce à la presse d’une consultation des associations nous donne de l’espoir. En effet, l’expertise de terrain des associations, comme celle des élus locaux, est précieuse et gage de réussite. Un bilan objectif des expériences menées ces dernières années dans un certain nombre de villes devrait permettre à la fois la mise en commun et l’échange des connaissances et des compétences et l’évitement d’erreurs qui ont pu être commises. Ces expériences sont en effet assez inégales, et celles menées dans votre circonscription par exemple se distinguent positivement par rapport à d’autres, comme les dispositifs dits « villages d’insertion », notamment en Seine-Saint-Denis.

Comptant en son sein une majorité de Rroms, y compris parmi la population qui fera l’objet de votre réflexion, notre association a acquis une expertise considérable. Nous souhaitons vivement la mettre à contribution de la réflexion et des actions à venir. C’est pourquoi j’ai l’honneur de vous demander de nous y associer en nous invitons à la réunion prévue la semaine prochaine.

Dans cette attente, je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Premier ministre, l'expression de ma très haute considération.

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lundi 12 juillet 2010

L'efficacité des villages d'insertion pour Rroms

On vous l'avait dit... Et quelle tristesse que de voir qu'on avait raison! Le Hanul, quartier de Saint-Denis qui existe depuis 10 ans, qui faisait l'objet d'une convention avec la mairie depuis 7 ans, a été rasé. Ses habitants et leurs amis ont été éjectés de force par les CRS le mardi 6 juillet 2010. Le Hanul était cité en exemple dans le rapport du Commissaire aux Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe en 2003. Il sera très vraisemblablement cité encore en exemple par cette instance et d'autres, mais désormais certainement pas en tant que bonne pratique.

Retournés vers la mairie suite à cette expulsion, les anciens habitants du Hanul se sont trouvés devant le mur de la bureaucratie froide. La chaleur humaine des contacts précédents avec la municipalité (M. le maire connaît personnellement les expulsés, chez qui il allait comme ami), n'est plus de mise. La mairie a refusé d'ouvrir un local pour accueillir les expulsés, parmi lesquels deux enfants atteints d'un cancer. Saint-Denis et ses élus font beaucoup pour les Rroms! La preuve, les maires de Plaine commune ont fait une conférence de presse le 8 avril dernier, et M. Braouezec, député et président de Plaine commune, a interpellé le gouvernement. Mais surtout, Saint-Denis dispose d'un VILLAGE D'INSERTION! Cela équivaut donc à une carte blanche pour jeter ou laisser dans la rue les Rroms que les gestionnaires de la misère n'ont pas inscrits sur leurs listes sinistres de "matière première prise en charge". La chasse pouvait donc commencer, et elle est bien en route. La police chasse les familles de partout. Posés devant la Basilique de St-Denis avec des tentes jeudi 8 juillet, espérant une réouverture de dialogue avec la mairie, les expulsés ont vu confirmée une fois de plus la position de celle-ci: à la demande de la mairie, une centaine de CRS et autres policiers intervenait vers 23 heures. Ils ont embarqué 24 personnes venues en soutien des expulsés du Hanul:


Selon des militants dyonisiens, c'était la première fois que des arrestations de ce type avaient lieu dans leur ville. L'impressionnante démonstration de force pour réprimer un camp de réfugiés à Saint-Denis n'est pas uniquement liée à l'expulsion du Hanul. Quoi qu'il en soit, voilà un effet de la mise en place de ces camps de réclusion par l'étrange alliance "mairie de gauche - Etat de droite - gestionnaire de la misère humaine". Un effet dont nous nous doutions et que nous avons désormais devant les yeux: l'alternative est réduite: mise en réclusion dans un camp joliment appelé "village d'insertion" dans lequel 75% du budget est affecté au contrôle et à la surveillance, ou bien mise en ligne de mire d'une politique répressive de tous les instants. Même le choix entre ces deux types d'anéantissement de la liberté ne revient aux cibles, puisque ce ne sont pas les Rroms qui décident, mais les gestionnaires des villages d'insertion. Aujourd'hui, ce sont les Rroms roumains et bulgares, pour lesquels la précarité systémique a été bien planifiée et structurée par les décideurs de tous niveaux, toutes couleurs et tous bords. Demain... 


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