Madame,
Monsieur,
D’abord,
je me permets de ne pas rappeler vos mandats actuels* et de m'adresser à vous juste
par "Madame" et "Monsieur", exprimant ainsi le seuil
minimum de politesse que je m’impose en toute circonstance. En effet, par vos
positions respectives suite aux événements de mercredi soir à la cité
des Créneaux, vous avez montré à quel point l'intérêt général est insignifiant
pour chacun d'entre vous. Et comme l’intérêt général est ce pourquoi des
citoyens vous ont confié vos mandats, je trouverais aberrant de les mentionner.
Ensuite,
je me permets de vous adresser en commun cette lettre ouverte, car vos discours
ont aussi beaucoup en commun, quoi que vous en pensiez. Vous utilisez la même méthode politicienne de
basse échelle et populiste en vous renvoyant mutuellement des fautes qui n'en
sont pas et en vous attribuant des mérites qui n'en sont pas plus.
M.
Gaudin, vous entendez-vous dire: "Il y a quelques
mois, nous avions encore 60 campements de Roms dans cette ville et nous avons
réussi, sans faire de bruit, à réduire ce nombre à 25" ? Qu’avez-vous
fait des habitants des 35 autres, M. le Terminator ?
Quant à vous Mme. Ghali, vous vous trahissez en
déclarant d’une part : « Pour moi, c’est un déménagement, pas une expulsion. Le départ des Roms s’est passé plutôt calmement,
même si ce n'était pas aux habitants de le provoquer », et d’autre part « Du coup, c'est quand la situation
menaçait de dégénérer parce que les riverains voulaient faire partir les Roms
que la police est venue, sans doute appelée par les Roms eux-mêmes. C'est la
police qui a fait partir les Roms car ils étaient en situation dangereuse. »
Est-ce cela que vous appelez « calmement » ? Sans doute
auriez-vous souhaité une confrontation et du sang pour mieux taper sur M.
Gaudin, trop à gauche pour accepter votre proposition de faire intervenir l’armée
pour rétablir la sécurité à Marseille.
A
l’unisson, vous dites comprendre « l’exaspération » de ceux qui ont
chassé les Rroms. Vous voilà dans un antitsiganisme partagé qui dépasse les frontières,
déjà floues et parfois superflues de vos partis respectifs. Vous avez tort à
exagérer vos différences, vous avez tant à apprendre l’un de l’autre. M. Gaudin
pourrait certainement apprendre beaucoup en matière de discours sécuritaire,
pour vous enseigner en retour à vous, Mme. Ghali un discours de justice
républicaine presque de gauche, qu’importe sa sincérité ! Vous êtes à l’envers
et vivez donc bien votre époque. Seulement, puisque vous ne mesurez pas la
gravité de vos propos, ne pouvez-vous donc pas juste vous taire ? A vous
deux, vous incarnez à la perfection l’UMPS, que le Front national manipule avec
brio dans un populisme que vous enviez. Vous qui « comprenez l’exaspération des
riverains», si seulement vous saviez combien vous nous exaspérez !
En
guise de salutations, je vous prie, Madame, Monsieur, d’ouvrir un dictionnaire à
la lettre « H » et de consulter l’entrée « honte ». Peut-être
y trouverez-vous au moins un souvenir ancien, à défaut d’adopter un sentiment
pour l’avenir.
Note *: M. Gaudin est sénateur-maire de Marseille et Mme. Ghali sénatrice-maire des 15e et 16e arrondissements de Marseille
1 commentaire:
"L'an dernier, il y a eu une véritable chasse aux Roms dans le XVe car il circulait une rumeur qu'ils enlevaient des enfants pour faire un trafic d'organes…"
Samia ghali dans http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/09/28/01016-20120928ARTFIG00390-roms-le-maire-de-marseille-doit-trouver-des-terrains.php
Il faut saluer avec ferveur l'astuce trouvée pour ne pas encourir des poursuites pour incitation à la haine raciale :
il suffit de dire qu'il "circule des rumeurs" ... pour que la rumeur circule.
Il y a trente ans, il circulait une rumeur selon laquelle certaines cabines d'essayage
étaient reliées, par un _grand_ tunnel, aux ....bordels de Buenos-Aires.
Malgré la prouesse technologique (et je doute que les Rroms Roumains et Bulgares aient des talents chirurgicaux, tout comme on peut douter de la faisabilité d'un aussi grand tunnel), aucun politicien, à une époque pourtant où l'antisémitisme était plus banal, ne s'est abaissé à la colporter avec autant de complaisance.
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