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mercredi 11 juin 2014

La voix des Rroms à Radio grenouille, Marseille

Lors de notre passage à Marseille, nous étions entre autres invités par l'émission "Temps libre" de Radio grenouille, où nous avons présenté le livre Avàva Ovàva et avons parlé aussi de notre action. 


Et nous avons été très touchés par cette description poétique qu'a fait Hugo de La voix des Rroms:

Les Rroms ont une voix. Une voix qui en contient beaucoup d'autres, plusieurs millions. Et ça s'appelle la Voix des Rroms, avec deux r, comme dans Révolution.

Cette voix est grave, elle s'accorde à la situation. Féminine ou masculine, elle ne s'aventure pas dans les aigus. Briser les vitres ne suffit pas. Les notes profondes, c'est mieux. Ça fait trembler la terre. Et de cette mélopée d'outre-tombe naissent des harmoniques qui font chanter le cristal des bourgeois.

Cette voix est au moins bilingue : français et rromani. Car ce n'est pas celle d'une association légèrement bienveillante. Ce n'est pas la voix chétive d'un bénévole franco-français évoquant les Rroms par le prisme de la victimisation. Ce n'est pas un haut-parleur. Non ! C'est une voix qui parle haut. Et fort. C'est la Voix des Rroms. Avec deux r, comme dans Résonance.

Cette voix n'est pas hilare. Au contraire, elle se lézarde de colère. Car elle cause de politique. Elle est militante. Elle lutte comme elle respire. Elle inspire... et elle expire. Elle s'inspire... et elle s'exprime. Et il y a plusieurs arcs dans ces cordes vocales. Je pense à vous, Saimir Mile, vous qui n'hésitez pas à répondre aux attaques violentes avec des mots violents. Parce qu'il n'y a pas de raison. Les racistes n'ont pas le monopole de l'insulte ! Ça, c'est la Voix des Rroms. Avec deux r, comme dans Riposte.

Je pense aussi à vous, Anina Ciuciu, vous qui êtes obligée de répéter dans tous les médias que vous n'êtes pas une exception et que les Rroms sont capables d'étudier et de travailler. Je pense à votre voix qui doit s'enrouer à force de crier au milieu des sourds. Cette voix qu'ils voient mais qu'ils n'entendent pas. Quel dommage, elle est pourtant si belle, la Voix des Rroms, avec deux r, comme dans Rumeur.

La Voix des Rroms s'enroue parfois. Mais jamais ne tousse ni ne s'enrhume, elle reste saine dans ce monde malade. Elle ne s'essouffle pas, elle ne manque pas d'air. Heureusement, car le marathon cosmique des révoltes se mesure en années-lumières. 

Et puis, cette voix est jeune. Adolescente. Elle mue sans cesse. Elle module sur les registres de la lutte. Elle n'est jamais tout à fait la même. Elle s'enrichit de nouvelles intonations.  Petit à petit, elle devient. Elle devient la Voix des Rroms, avec deux r, comme dans Recommencement.

C'est une voix de l'époque, une voix de l'humanité, une voix terrestre. Avec deux r. Comme Rroms.




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mardi 3 juin 2014

LA VOIX DES RROMS À MANIFESTEN + FESTIVAL DU LIVRE DE LA CANEBIÈRE



DU 6 AU 9 JUIN - PRÉSENCE D'UNE DÉLÉGATION DE LA VOIX DES RROMS À MARSEILLE.
AVEC PIERRE CHOPINAUD - ANINA CIUCIU - SAIMIR MILE - ETC.




 De 10h à 19h, stands de la voix des Rroms et des éditions Al Dante au Festival du livre de           la Canebière.


À partir de 19h, permanence à Manifesten.





Présentation du livre "Avava-ovava" au kiosque à musique, le samedi 7 juin à 11h00.




Exposition photographique de Yann Merlin, vernissage le dimanche 8 juin à 19h.


Ambiance musicale assurée par le DJ Rrom & Roll.




Et tous les jours : interventions diverses - débats - discussions - ventes et présentations de livres - chants - danses...


mardi 25 décembre 2012

PS: « il y a trop de Rroms et tout est bon pour réduire leur nombre »


Dans une lettre ouverte du 7 novembre, les associations « La voix des Rroms » et « Rromeurope » demandaient aux dirigeants socialistes de prendre clairement position vis-à-vis des déclarations problématiques de M. Pajon, député-maire de Noisy-le-Grand et Mme. Samia Ghali, sénatrice-maire des 14e et 15e arrondissements de Marseille. Un mois et demi après, le PS confirme implicitement sa position officielle : « réduction par tout moyen du nombre de Rroms, avec le moins d’implication directe du parti ».

Après un accident qui a coûté la vie à un adolescent de 15 ans à Noisy le Grand, et pendant que, plongé dans le coma, un deuxième garçon se battait contre la mort à Necker, M. Pajon est cité par Le Parisien du 1er novembre dans ces termes :

 « Au moins 600 Roms » vivent en permanence sur le territoire de Noisy-le-Grand, qui compte au moins deux bidonvilles. « C'est un vrai souci pour nous », indique le maire, décrivant «des mamans avec des bébés de trois mois dans les bras qui mendient aux feux rouges et des enfants roulant sur des vélos sans feux, créant des situations d'une dangerosité très préoccupante. Ça faisait un moment qu'on craignait le pire ». 

M. Pajon comptait ainsi les Rroms morts, ou décomptait les Rroms vivants, ne plaignant pas les premiers tout en se plaignant des seconds.

Un mois auparavant, après que des civils aient expulsé par la force et la menace des familles rroms dans la cité des Créneaux à Marseille, sous les yeux d’une police inactive, Mme. Ghali déclarait quant à elle :

« Je ne le condamne pas, je ne le cautionne pas, mais je le comprends, quand les pouvoirs publics n’interviennent plus »

Sans grande illusion sur la position réelle du parti socialiste, nous lui avions tout de même lancé une perche. Sans réponse, nous avons relancé à plusieurs reprises ses dirigeants nationaux et départementaux (des circonscriptions des deux auteurs des propos ci-dessus mentionnés). Rien n’y a fait, et le PS reste muet jusqu’à une sorte d’autisme arrogant. Le parti socialiste en tant que structure politique n’a pas le courage de ses positions, exprimées de manière individuelle par les plus courageux parmi des élus.

Nous avons compris la position officielle du parti socialiste : il y a trop de Rroms en France et tout ce qui peut réduire leur nombre est bienvenu, de préférence sans que le PS en assume les responsabilités. C’est la même que celle de l’UMP, le courage en moins.

Nous en tirons aujourd’hui les conclusions qui s’imposent et agirons en conséquence. Nous mépriser ou nous sous-estimer est une erreur. On la comprend avec plus ou moins de retard, et toujours à ses dépens.


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mardi 16 octobre 2012

La voix des Rroms met en garde les médias français


Ceci est  un message envoyé à l'ensemble des médias français ce jour:

Mesdames, Messieurs,

Ceci est une mise en garde, qui ne concerne pas tous les médias, mais un bon nombre, dont peut-être le vôtre. Nous vous demandons donc de bien faire attention à ce message.

Depuis quelques mois, la politique de «démantèlement des campements illicites », qu’on associe systématiquement aux Rroms (et à tort), s’accompagne d’une campagne de diabolisation des Rroms dont vous vous faites complices. Le dernier acte en date est le reportage de France 2 hier soir, clairement orienté puisqu’on demande à une mère de famille « est-ce que vous comprenez les riverains de Marseille qui ont DEMANDE aux Rroms de partir ? ». Puis, à un gérant de bar, qui dit qu’il n’a jamais eu de problèmes, mais qu’il a une batte de baseball pour se défendre ! Sans parler d’une vieille dame qui, elle non plus n’a jamais eu de problèmes mais qu’elle a peur de « se faire canailler ». On ne retiendra du côté rrom qu’une jeune fille qui dit qu’elle mange dans les poubelles. Nous vous rappelons que c’est le cas de beaucoup de monde, et pas que de Rroms. Certains en font même un choix délibéré et militant contre la société de consommation.

Europe 1 quand à elle titrait « Les Roms peuvent devenir orthophonistes », avec une ironie de mauvais goût, et même dégoûtante, dans un article qui mentionne seulement l’élargissement de la liste des métiers autorisés pour les Roumains et les Bulgares, sans dire l’essentiel : que ces derniers doivent toujours obtenir au préalable une carte de séjour afin de pouvoir travailler, y compris dans ces métiers.

L’Express n’est pas en reste, avec un papier du 10 octobre titré « Etre voisins des roms », où on pleure sur le malheur que doivent subir les « riverains excédés ».
Sans parler de l’énorme opération policière qui a précédé de quelques jours le pogrom de Marseille : 11 Rroms arrêtés, livrés à la haine de la foule car présentés à l’unisson de vous tous comme des trafiquants et esclavagistes d’enfants, parce que LEURS enfants avaient pu être arrêtés pour des petits larcins. Et après cet emballement médiatique, le pogrom de Marseille, la chasse généralisée des Rroms par la police, le blackout total sur cette affaire. Pourquoi ? Parce que le but est atteint ? Est-ce cela votre but en tant que journalistes ? Y a-t-il des juifs parmi vous ? Demandez à vos parents de vous raconter les articles sur les juifs dans les années 30.

A chaque expulsion, sujet ô combien adoré par vous, vous répétez tel des perroquets : « l’évacuation s’est déroulée sans heurts ». Cela fait 20 ans que ça dure, sans heurts. Pour reprendre votre jargon, CE N’EST PAS UNE NEWS ! Les Rroms ne sont pas violents. Attendez-vous des heurts avec la police pour mettre du sang sur vos papiers ? Vous en serez responsables. Vous l’êtes déjà par l’invocation de la haine parmi les « riverains exaspérés ». A l’heure où nous vous écrivons, la police chasse des Rroms, avec des bébés dans les bras, des trottoirs de Marseille, de Noisy le Grand et d’ailleurs. Vous êtes complices de cette politique. Vous avez décidé de vous faire l’écho de la déshumanisation des Rroms, préalable nécessaire à tout génocide ! Rares sont ceux parmi vous qui respectent leur métier et leur devoir d’informer de manière équilibré. N’oubliez pas, dans ce contexte où l’information passe vite, l’histoire passe elle aussi plus vite que jadis. Ce sera de votre vivant qu’elle vous condamnera, comme complices d’une politique mortifère. Tenez-en dûment compte et réagissez en conséquence !


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lundi 1 octobre 2012

On achève bien les chevaux



 « On achève bien les chevaux » est le titre d’un film qu’on vous conseille de regarder. L’histoire se déroule en Californie dans les années 1930, en pleine dépression. A défaut, vous pouvez observer la situation de la quarantaine de Rroms chassés à Marseille. D’abord par des « riverains » de la citée abandonnée des Créneaux, maintenant par la mairie UMP de la Ville, le tout dans un contexte de chasse créé et soigneusement entretenu par le pouvoir gouvernemental et paragouvernemental, et notamment le premier ministre de l’intérieur du gouvernement socialiste.

Après avoir « déménagé » jeudi dernier « dans le calme », selon la maire PS du secteur, ils s’étaient mis à l’abri du « calme » qui les propulsé en dehors des Créneaux et qui a mis le feu aux affaires qu’ils n’avaient pas pu emporter. Ils ont ensuite occupé un hangar, d’où la ville de Jean-Claude Gaudin veut les faire évacuer aussi, en flagrance. Et ce sera toujours la flagrance des 48 heures, parce qu’on les chassera et on les poursuivra tout le temps, sans cesse. Ces Rroms avaient décidé de porter plainte, et le parquet pourrait se trouver dans l’embarras de commander une enquête sur ce qui s’est passé jeudi dernier. Dans l’embarras, parce que le procureur de la République avait déclaré qu’il y aurait une enquête si des Rroms déposaient plainte. A contrario, il n’y aura pas d’enquête s’il n’y a pas de plainte de la part des Rroms expulsés. Avec l’annonce de cette procédure d’expulsion, porteront-ils plainte ?

On achève bien les chevaux…
On peut bien achever les Rroms, du moins le croit-on et on fait tout pour. En tout cas, pour ces Rroms-là, il y a flagrance et il y aura toujours flagrance, jusqu’à… déflagration ? Il y en a qui attendent avec impatiente cette déflagration, un petit clash qui gonfle, grandit et envahit tout. Manuel Valls a appelé tous les responsables politiques à ne pas instrumentaliser cette affaire. Quoi de mieux pour pousser à l’instrumentalisation. Copé l’a compris et dit, lui aussi, qu’il comprend ce qui s’est passé. Evidemment M. Copé, dans ces quartiers où règne le « racisme antiblanc », les Rroms ont été pris pour des Blancs, parce qu’ils sont chrétiens. Allez, vous pouvez aligner les immondices démagogiques comme celle-ci, c’est ce qui vous distinguera dans votre course à la tête de l’UMP. N’ayez crainte, ce n’est pas votre ami Valls qui vous contredira, il a déjà vu le marché de sa ville envahie par des non-blancs et l’a dit qu’il fallait des whites, des blancs, des blancos. Ne laissez rien au Front national, c’est un groupuscule de complexés ! Alexandre Gabriac l’a compris. Demandez-lui de vous joindre lui aussi dans votre combat commun. Puisse l’histoire faire que vous y périssiez avec les vôtres, sans d’autres victimes.


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samedi 29 septembre 2012

Lettre ouverte à Mme. Ghali et M. Gaudin


Madame, Monsieur,

D’abord, je me permets de ne pas rappeler vos mandats actuels* et de m'adresser à vous juste par "Madame" et "Monsieur", exprimant ainsi le seuil minimum de politesse que je m’impose en toute circonstance. En effet, par vos positions respectives suite aux événements de mercredi soir à la cité des Créneaux, vous avez montré à quel point l'intérêt général est insignifiant pour chacun d'entre vous. Et comme l’intérêt général est ce pourquoi des citoyens vous ont confié vos mandats, je trouverais aberrant de les mentionner.

Ensuite, je me permets de vous adresser en commun cette lettre ouverte, car vos discours ont aussi beaucoup en commun, quoi que vous en pensiez.  Vous utilisez la même méthode politicienne de basse échelle et populiste en vous renvoyant mutuellement des fautes qui n'en sont pas et en vous attribuant des mérites qui n'en sont pas plus.
M. Gaudin, vous entendez-vous dire: "Il y a quelques mois, nous avions encore 60 campements de Roms dans cette ville et nous avons réussi, sans faire de bruit, à réduire ce nombre à 25" ? Qu’avez-vous fait des habitants des 35 autres, M. le Terminator ?
Quant à vous Mme. Ghali, vous vous trahissez en déclarant d’une part : « Pour moi, c’est un déménagement, pas une expulsion. Le départ des Roms s’est passé plutôt calmement, même si ce n'était pas aux habitants de le provoquer », et d’autre part « Du coup, c'est quand la situation menaçait de dégénérer parce que les riverains voulaient faire partir les Roms que la police est venue, sans doute appelée par les Roms eux-mêmes. C'est la police qui a fait partir les Roms car ils étaient en situation dangereuse. » Est-ce cela que vous appelez « calmement » ? Sans doute auriez-vous souhaité une confrontation et du sang pour mieux taper sur M. Gaudin, trop à gauche pour accepter votre proposition de faire intervenir l’armée pour rétablir la sécurité à Marseille.

A l’unisson, vous dites comprendre « l’exaspération » de ceux qui ont chassé les Rroms. Vous voilà dans un antitsiganisme partagé qui dépasse les frontières, déjà floues et parfois superflues de vos partis respectifs. Vous avez tort à exagérer vos différences, vous avez tant à apprendre l’un de l’autre. M. Gaudin pourrait certainement apprendre beaucoup en matière de discours sécuritaire, pour vous enseigner en retour à vous, Mme. Ghali un discours de justice républicaine presque de gauche, qu’importe sa sincérité ! Vous êtes à l’envers et vivez donc bien votre époque. Seulement, puisque vous ne mesurez pas la gravité de vos propos, ne pouvez-vous donc pas juste vous taire ? A vous deux, vous incarnez à la perfection l’UMPS, que le Front national manipule avec brio dans un populisme que vous enviez. Vous qui « comprenez l’exaspération des riverains», si seulement vous saviez combien vous nous exaspérez !

En guise de salutations, je vous prie, Madame, Monsieur, d’ouvrir un dictionnaire à la lettre « H » et de consulter l’entrée « honte ». Peut-être y trouverez-vous au moins un souvenir ancien, à défaut d’adopter un sentiment pour l’avenir.

Note *: M. Gaudin est sénateur-maire de Marseille et Mme. Ghali sénatrice-maire des 15e et 16e arrondissements de Marseille


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