« L’évacuation s’est déroulée dans le calme et sans
heurts ». Voici la phrase qu’on trouvera dans tous les communiqués/dépêches/articles
de presse relatant des expulsions de Rroms en France. Ceci, depuis 20 ans. Qu’importe,
l’expression « ce n’est pas une news » que les journalistes entendent
souvent de leurs rédac-chefs ne s’applique pas en la matière. Il faut toujours
préciser, 20 ans et 100.000 expulsions après, que la 100.001ème, comme la
première, s’est déroulée sans heurts. Peut-être parce que c’est étonnant… peut-être
parce que, en le disant, on peut donner des idées… on n’est pas dans la tête du
service presse du ministère de l’Intérieur, ni dans celle des rédac-chefs ou
des journalistes.
Bref, actuellement il y a des expulsions d’un genre à peine
nouveau. Celles des Landes, d’où on expulse des paysans et des militants. C’est
à mi-chemin entre les expulsions de populations autochtones en Amérique latine
et les expulsions des Rroms dans les grandes métropoles françaises. Le
gouvernement s’entête à maintenir le projet de l’aéroport de Notre-Dame des
Landes, très largement contesté quant à son utilité et très décrié quant à ses
effets sur l’écologie. Des pilotes de ligne ont rejoint les manifestants en
tant qu’utilisateurs des aéroports, pour dire que cet aéroport était
parfaitement inutile. Certes, mais pas pour Vinci, qui le construirait !
Qu’une entreprise veuille gagner de l’argent coûte que coûte, c’est somme toute
dans sa nature. Mais qu’un gouvernement se transforme en bras armé d’une
entreprise, c’est tout simplement une dégénération de la tumeur qu’est la
défense d’intérêts financiers particuliers par l’action gouvernementale. Ce n’est
pas un kyste.
L’expulsion des hommes et des femmes de la ZAD (zone à
défendre) dans les Landes ne se déroule pas sans heurts. Faire couler du sang pour
la réalisation d’un projet mégalomane et inutile, qui plus est dans une période
de crise qu’on doit précisément à ceux qui réalisent de tels projets, c’est
possible. C’est ce qui se passe actuellement. C’est un gouvernement
formellement démocratique qui le fait. Un gouvernement formellement de gauche,
qui a arraché le pouvoir à un autre gouvernement, de droite. Le slogan de
campagne présidentielle de N. Sarkozy fut « Ensemble, tout devient
possible ». Le gouvernement socialiste veut le prouver pour son alliance avec
Vinci, envers et contre tout, envers et contre tous.
On ne sait pas si les Landes deviendront un nouveau Larzac
ou un nouvel aéroport, mais une chose est sûre : ce ne sera jamais un vrai
Larzac. Le sang y coule déjà…
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