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mardi 16 octobre 2012

La voix des Rroms met en garde les médias français


Ceci est  un message envoyé à l'ensemble des médias français ce jour:

Mesdames, Messieurs,

Ceci est une mise en garde, qui ne concerne pas tous les médias, mais un bon nombre, dont peut-être le vôtre. Nous vous demandons donc de bien faire attention à ce message.

Depuis quelques mois, la politique de «démantèlement des campements illicites », qu’on associe systématiquement aux Rroms (et à tort), s’accompagne d’une campagne de diabolisation des Rroms dont vous vous faites complices. Le dernier acte en date est le reportage de France 2 hier soir, clairement orienté puisqu’on demande à une mère de famille « est-ce que vous comprenez les riverains de Marseille qui ont DEMANDE aux Rroms de partir ? ». Puis, à un gérant de bar, qui dit qu’il n’a jamais eu de problèmes, mais qu’il a une batte de baseball pour se défendre ! Sans parler d’une vieille dame qui, elle non plus n’a jamais eu de problèmes mais qu’elle a peur de « se faire canailler ». On ne retiendra du côté rrom qu’une jeune fille qui dit qu’elle mange dans les poubelles. Nous vous rappelons que c’est le cas de beaucoup de monde, et pas que de Rroms. Certains en font même un choix délibéré et militant contre la société de consommation.

Europe 1 quand à elle titrait « Les Roms peuvent devenir orthophonistes », avec une ironie de mauvais goût, et même dégoûtante, dans un article qui mentionne seulement l’élargissement de la liste des métiers autorisés pour les Roumains et les Bulgares, sans dire l’essentiel : que ces derniers doivent toujours obtenir au préalable une carte de séjour afin de pouvoir travailler, y compris dans ces métiers.

L’Express n’est pas en reste, avec un papier du 10 octobre titré « Etre voisins des roms », où on pleure sur le malheur que doivent subir les « riverains excédés ».
Sans parler de l’énorme opération policière qui a précédé de quelques jours le pogrom de Marseille : 11 Rroms arrêtés, livrés à la haine de la foule car présentés à l’unisson de vous tous comme des trafiquants et esclavagistes d’enfants, parce que LEURS enfants avaient pu être arrêtés pour des petits larcins. Et après cet emballement médiatique, le pogrom de Marseille, la chasse généralisée des Rroms par la police, le blackout total sur cette affaire. Pourquoi ? Parce que le but est atteint ? Est-ce cela votre but en tant que journalistes ? Y a-t-il des juifs parmi vous ? Demandez à vos parents de vous raconter les articles sur les juifs dans les années 30.

A chaque expulsion, sujet ô combien adoré par vous, vous répétez tel des perroquets : « l’évacuation s’est déroulée sans heurts ». Cela fait 20 ans que ça dure, sans heurts. Pour reprendre votre jargon, CE N’EST PAS UNE NEWS ! Les Rroms ne sont pas violents. Attendez-vous des heurts avec la police pour mettre du sang sur vos papiers ? Vous en serez responsables. Vous l’êtes déjà par l’invocation de la haine parmi les « riverains exaspérés ». A l’heure où nous vous écrivons, la police chasse des Rroms, avec des bébés dans les bras, des trottoirs de Marseille, de Noisy le Grand et d’ailleurs. Vous êtes complices de cette politique. Vous avez décidé de vous faire l’écho de la déshumanisation des Rroms, préalable nécessaire à tout génocide ! Rares sont ceux parmi vous qui respectent leur métier et leur devoir d’informer de manière équilibré. N’oubliez pas, dans ce contexte où l’information passe vite, l’histoire passe elle aussi plus vite que jadis. Ce sera de votre vivant qu’elle vous condamnera, comme complices d’une politique mortifère. Tenez-en dûment compte et réagissez en conséquence !


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lundi 12 septembre 2011

Quand le pouvoir mise sur la niaiserie des Français pour se maintenir

A quelques heures d’espace, deux proches de N. Sarkozy s’expriment sur la sécurité. H. Guaino critiquait la forme du discours de Grenoble et de la circulaire anti-Rroms du 5 août 2010, puis C. Guéant annonçait une fois de plus de « nouvelles » mesures contre la « délinquance des mineurs roumains ». Au même moment, le même ministre de l’intérieur annonce la suppression de 3000 postes de policiers pour 2012, à cause de la crise.


Par un hasard déconcertant, tout ceci se passe quelques heures après les Journées d’été Marine Le Pen, où l’invité d’honneur - invité-surprise était l’ancien patron des renseignements généraux, qui, s’il était encore en poste, serait aujourd'hui sous la tutelle de Claude Guéant. A cette vitesse là, on attrape le tournis. Asseyez-vous donc, prenez un verre d’eau fraîche et réfléchissez. On vous prend pour des niais. C’est une présomption, et il vous appartient désormais de faire la preuve du contraire.


La délinquance roumaine dont on vous rabat les oreilles :

Bien évidemment, elle existe, et existera tant que les Roumains existeront, comme la délinquance rrom existera tant que les Rroms existeront, puisque la délinquance française tant que les Français existeront. Il n’est donc pas question ici de nier une évidence triviale. Seulement, à y regarder de plus près, il y a une contradiction: lors d’une réunion Place Beauvau en 2004, Mme. Mignon, conseillère juridique de M. Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, disait qu’il n’y avait pas plus de délinquance parmi les Rroms roumains précaires que dans l’ensemble de la population. Certes les choses ont pu changer depuis, mais en arriver à ce "qu'une sur dix des personnes présentées à la justice est un Roumain" (Guéant), ce n'est plus un changement, c'est un tsunami... Par ailleurs, depuis 2003 une intense coopération policière est en place entre la Roumanie et la France, avec des échanges de policiers chevronnés pour démanteler des réseaux criminels, et depuis un an leur contingent nombre a même été augmenté. Il est bien donc curieux qu’après huit ans aucun réseau ne soit démantelé, non ?

En même temps, le ministre, afin d'illustrer la délinquance roumaine, nous cite le « clan Hamidović », effectivement un réseau démantelé il y a quelques mois, mais il s’agissait là de Bosniaques, comme le nom l’indique.Certes il n'est pas ministre des affaires étrangères ni géographe, mais tout de même...


Quant aux chiffres affichés, vous avez toute liberté de les croire en bloc. Or, la méthode utilisée était celle du carrotage - bien connue pour son caractère spécieux : ainsi, imaginez un seul instant un contrôle fiscal dans les 8e, 16e et 17e arrondissements de Paris, avec la coopération de banques étrangères dans les paradis fiscaux. Puis, une comparaison avec les résultats de la délinquance fiscale des Parisiens entre 2011 et 2010, sachant qu’en 2010 l’administration fiscale n’a contrôlé que de manière aléatoire, ceci dans l'ensemble de la ville. Gageons qu'il y aurait une augmentation, et peut-être sérieuse - qui sait même supérieure à celle que le ministre affirme voir dans sa fameuse « délinquance roumaine ».

mardi 13 avril 2010

France Télévisions condamnée pour provocation à la haine raciale


Le 11 février 2005 l’émission « C dans l’air », animée par Yves Calvi, avait pour titre « Délinquance : la route des Roms ». La « discussion » n’a été qu’une suite ininterrompue d’amalgames divers et variés d’où il ressortait que les « voleurs de poules » (dixit Yves Calvi) pratiquaient une délinquance « organisée sur une base ethnique » (Xavier Raufer).

Au moment où le génocide des Tziganes par les nazis est enfin reconnu à l’échelle internationale et où la France commence enfin à appréhender la question de l’internement des « nomades » pendant la deuxième guerre mondiale, ces propos sont particulièrement intolérables.

Effarées par le racisme d’un autre âge propagé par cette émission et au vu de la manière même dont elle avait été conçue, les associations « La voix des Rroms », « Rromani Baxt », « Centre de recherche et d’action sur toutes les formes de racisme », « Ternikano Berno », « Femmes rroms, sinté et kalé », ainsi que l’Union rromani internationale, ont tiré la sonnette d’alarme.

Saisi par ces associations, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a mis en garde la chaîne le 11 juillet 2005. Le Conseil de l’Europe a fortement condamné l’émission dans une lettre adressée au président de France Télévisions.

A la suite d’une plainte émanant de ces associations rroms, le ministère public a engagé des poursuites pénales à l’encontre entre autres de Marc Tessier, ancien PDG de France Télévisions, Yves Calvi, animateur, ainsi que Xavier Raufer et Yves-Marie Laulan, invités dans cette émission. Le jugement du 7 mai 2009 a condamné France Télévisions et Yves-Marie Laulan pour provocation à la haine raciale envers les Rroms.

L’audience d’appel se tiendra les 14 et 15 avril à 13h30 devant le pôle 2 chambre 7 de la Cour d’appel de Paris (ancienne 11ème chambre, à côté de la Cour d’assises).

Les associations rroms et tous ceux qui les soutiennent attendent la confirmation de la condamnation et espèrent que les médias vont enfin ouvrir les yeux sur la réalité des Rroms, toute la réalité des Rroms, et privilégier une information intégrée et neutre au sensationnalisme. Si les médias apprennent ainsi à respecter leur propre dignité et celle des autres, on peut espérer ne plus avoir dans l’avenir à engager des poursuites.
Pour plus d'information ainsi que pour regarder l'émission contestée, visitez le site qui lui est consacré


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